Sylvie témoigne.
Il est difficile de trouver les mots justes pour exprimer les émotions ressenties lors de la mission apprenante à Dakar.
Ce fut une mission riche en découvertes et rencontres. Il y a eu d’abord la découverte de Dakar, ville qui compte environ 1,6 M d’habitants, ville dynamique et embouteillée, qui s’agrandit avec la construction de nouveaux quartiers, ville en mutation mais aussi où existe une grande pauvreté.
Je relaterai ici les moments qui m’ont le plus marquée . La rencontre avec Mme Diouf, présidente du collectif des femmes pour la lutte contre la migration clandestine (COFLEC). Ce collectif est basé à Thiaroye-sur-mer, communauté côtière qui a été fortement touchée par l’émigration clandestine en pirogues entre 2006 et 2008. Des centaines de migrants ont péri en mer.
C’est le cas de Mme Diouf qui après le décès de son fils unique, a décidé de rassembler les femmes qui avaient perdu un membre de leur famille et de créer ensemble une association de lutte contre la migration clandestine. Le COFLEC propose des formations, des activités génératrices de revenus, des micro-crédits. Mais l’accent est également mis dans la dissuasion des éventuels candidats à la migration. On ne peut être qu’admiratif devant le courage, la détermination de Mme Diouf qui a du faire face aux préjugés d’une communauté traditionnelle, fondée sur le patriarcat. Après notre entretien, nous nous sommes rendus sur la plage, d’où partaient les pirogues. Ce jour-là, des enfants s’y baignaient, difficile d’imaginer que cette même plage a été le point de départ d’une véritable tragédie .
Autre moment fort, la rencontre au Pari avec Flore, une jeune femme originaire de Centre Afrique qui a quitté son pays après le massacre de sa famille, sa mère et elle en étaient les seules survivantes. Sa mère a vendu sa maison afin de payer un billet d’’avion à sa fille pour qu’elle vienne s’installer au Sénégal, pays stable.
Témoignage bouleversant de Flore, maman d’Ivane, adorable petit garçon d’un an, enceinte de cinq mois et veuve depuis peu. Elle espère que le Pari l’aidera à financer une formation de couturière afin qu’elle puisse subvenir aux besoins de ses enfants.
Il me reste bien plus que ces deux moments en mémoire, d’autres personnes, d’autres visages et d’autres regards qui, d’une certaine façon ont modifié le mien. Je remercie Marthe et Hubert de la Caritas, Aloïse, Jacques et tous les bénévoles du Pari pour leur accueil chaleureux et leur travail efficace et humain auprès des migrants. Il y a beaucoup à faire ici, lutter contre les préjugés pour ensemble « partager le chemin » et considérer la migration comme une richesse et non un fléau !
Sylvie Jubin